Longtemps connue sous le nom d’« angoisse du 8ᵉ mois », cette étape du développement a été décrite dès les années 1940. Elle se traduit par les pleurs et les protestations du bébé lorsqu’il est séparé de son parent ou confronté à un inconnu. Si cette appellation reste largement utilisée, les avancées en neurosciences et en psychologie du développement invitent à nuancer cette vision. L’anxiété de séparation ne se résume pas à un seul âge, ni à une seule forme d’angoisse : il s’agit d’un processus évolutif, normal, et même nécessaire au développement affectif et cérébral de l’enfant.
Quand apparaît l’anxiété de séparation ?
Traditionnellement, on situait son apparition autour de 8 mois, âge où l’enfant comprend que son parent existe même lorsqu’il ne le voit plus (la « permanence de l’objet »).
Aujourd’hui, les neurosciences invitent à élargir ce repère : les premiers signes peuvent être observés dès 4 à 6 mois, avec un pic entre 10 et 18 mois, puis une diminution progressive vers 2 à 3 ans.
Nuancer le vocabulaire : angoisse, peur ou stress ?
Le terme « angoisse » est encore utilisé, mais il ne reflète pas toujours la réalité vécue par l’enfant. Les spécialistes préfèrent parfois parler de peur ou de stress de séparation. Il ne s’agit pas d’une angoisse pathologique, mais d’une réaction adaptative, liée à l’immaturité neurologique et à l’incapacité du bébé à réguler seul ses émotions. Les pleurs, cris ou refus de se séparer expriment surtout une montée des hormones du stress, comme le cortisol.
Pourquoi ces nouvelles connaissances ?
Les neurosciences affectives et la théorie de l’attachement montrent que la proximité avec la figure parentale agit comme un véritable régulateur biologique : la voix, l’odeur, la chaleur ou la simple présence du parent calment le système de stress du bébé.
Cette étape de développement n’est donc pas un caprice, mais une réponse normale et nécessaire, qui aide le cerveau à apprendre que l’autre peut partir… et revenir.
Le rôle parental et l’attachement sécure
L’enfant développe un attachement sécure lorsqu’il sait que ses besoins sont entendus et que le parent revient après une séparation. Cette sécurité intérieure est le socle de sa confiance et de son autonomie futures.
En accompagnant son bébé avec régularité, patience et tendresse, le parent nourrit les circuits neuronaux de la régulation émotionnelle et l’aide à grandir en confiance.
Lien entre anxiété de séparation et sommeil
L’anxiété de séparation se manifeste aussi au moment du coucher et durant la nuit. Pour le bébé, le sommeil représente une forme de séparation temporaire : il doit s’endormir seul, loin de la présence immédiate du parent. Cela explique certains pleurs au coucher, réveils nocturnes plus fréquents ou difficultés d’endormissement observés à cette période.
Pour apaiser ces moments :
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Mettre en place des rituels du coucher stables et prévisibles (histoire, chanson, câlin).
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Introduire un objet transitionnel (doudou, foulard) qui rassure l’enfant en votre absence.
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Éviter les départs en cachette : prévenir l’enfant et lui dire au revoir renforce la confiance.
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Garder une attitude sereine et cohérente : un parent confiant transmet sa sécurité.
Ces gestes simples permettent à l’enfant de comprendre que, même séparé, il est toujours en sécurité, ce qui favorise un sommeil plus apaisé.
Comment aider son enfant au quotidien ?
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Anticiper la séparation avec des mots simples et adaptés à son âge.
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Introduire progressivement des moments sans le parent, en commençant par de courtes absences.
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Accueillir les émotions de l’enfant, même ses pleurs, sans minimiser son ressenti.
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Valoriser les retrouvailles : montrer sa joie de le retrouver consolide sa confiance.
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Rester constant : répétition et cohérence sont essentielles pour sécuriser l’enfant.
Conclusion
L’« angoisse du 8ᵉ mois » est en réalité une anxiété de séparation évolutive, qui peut débuter dès 4 mois, culminer entre 10 et 18 mois et s’atténuer vers 2 ou 3 ans. Les neurosciences confirment qu’il s’agit d’une étape normale et saine du développement, profondément liée au besoin de sécurité et au sommeil.
En accompagnant cette période avec tendresse, rituels et constance, les parents offrent à leur enfant une base solide pour la confiance, la sérénité et l’autonomie futures.
FAQ – Vos questions sur l’anxiété de séparation et le sommeil
- À quel âge commence l’anxiété de séparation chez le bébé ?
L’anxiété de séparation peut apparaître dès 4 à 6 mois, devient plus visible vers 8 mois, et atteint son pic entre 10 et 18 mois avant de diminuer vers 2-3 ans. - Pourquoi parle-t-on d’angoisse du 8ᵉ mois ?
Historiquement, on observait une intensification de la peur de séparation autour de 8 mois. Aujourd’hui, les neurosciences montrent qu’il s’agit d’un processus plus progressif, qui peut débuter plus tôt. - Quels sont les signes de l’anxiété de séparation ?
Pleurs lors du départ d’un parent, refus de se séparer, protestations au coucher, réveils nocturnes plus fréquents. Ces signes sont normaux et traduisent un besoin de sécurité. - Quel lien entre anxiété de séparation et sommeil ?
Le coucher et la nuit représentent une séparation temporaire. L’enfant peut donc pleurer au coucher ou se réveiller davantage. Les rituels et objets transitionnels l’aident à se sentir rassuré. - Comment aider son bébé à traverser l’anxiété de séparation ?
En instaurant des rituels, en préparant l’enfant à la séparation, en restant serein, en valorisant les retrouvailles et en proposant un doudou rassurant.

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