Les pleurs de fatigue

Publié le 14 mai 2025 à 07:54

Introduction

Les pleurs de l’enfant suscitent souvent de l’inquiétude, parfois de l’agacement ou un sentiment d’impuissance chez les parents. Ils peuvent être liés à la faim, l’inconfort, l’angoisse de séparation... ou tout simplement à la fatigue. Ces pleurs de fatigue sont spécifiques, fréquents et quelquefois mal interprétés.

Face à un tout-petit qui pleure en fin de journée ou au moment du coucher, nombreux sont les parents qui se demandent : « Est-ce qu’il a encore besoin de dormir ? », « Est-ce que je fais mal quelque chose ? », ou encore « Dois-je le laisser pleurer ? »

J’ai choisi d’aborder ce sujet dans cet article pour essayer de diffuser une compréhension claire et bienveillante de ces pleurs pour accompagner les familles vers un quotidien plus serein.

 

Les pleurs de fatigue : une réaction physiologique

 

🍼 Le son « aoh » : quand le corps dit « fatigue »

Dans les premiers mois de vie, le corps du bébé s’exprime avant même les pleurs intenses.

Le son « aoh », discret et semblable à un bâillement, est l’un des premiers signes vocaux de fatigue chez le nourrisson.

Ce son est produit par :

  • une bouche ovale qui s’ouvre largement,
  • une langue rétractée et abaissée,
  • une expiration vocale douce, accompagnée d’un relâchement du diaphragme.

👉 Repérer ce son, souvent inaudible si le bébé est déjà trop fatigué, permet de proposer le sommeil avant que les pleurs n’explosent. Comme les adultes, les bébés s’endorment mieux quand ils ne sont pas épuisés.

« Lorsqu’un bébé se frotte les yeux, il a déjà dépassé le stade de la fatigue légère »
Isabelle Filliozat & Priscilla Dunstan

 

 

Dès les premières semaines de vie, les pleurs peuvent être un signe de surcharge sensorielle ou de fatigue accumulée. Ils apparaissent souvent en fin de cycle d’éveil, lorsqu’un enfant a été maintenu éveillé au-delà de sa capacité naturelle à rester en interaction.

C’est Priscilla Dunstan, experte en parentalité qui a créé une classification universelle des pleurs des nourrissons.

Ce fameux « aoh » discret, peut signaler les premiers signes de fatigue chez le nouveau né. Ce son, qui ressemble à un bâillement, précède souvent les signaux plus visibles (frottement des yeux, agitation, pleurs intenses)​

👉 Le repérer à temps permet d’anticiper le coucher avant que la fatigue ne devienne trop envahissante.

 

Les pleurs en fonction de l’âge

 

🍼 0 à 6 mois

  • Pleurs dus à une immaturité neurologique et à une horloge biologique non encore en place.
  • Pic de pleurs vers 6 semaines, souvent lié à la mise à jour du rythme circadien.
  • Besoin de sécurité et de contenance très fort.

Conduites à tenir :

  • Éviter les stimulations avant le coucher.
  • Créer une ambiance contenante : portage, lumière tamisée, bruit blanc, contact peau à peau si souhaité.
  • Proposer le sommeil dès les premiers signes, sans attendre les pleurs​.

 

👶 6 à 9 mois

  • Apparition de l’angoisse de séparation.
  • Développement moteur intense (position assise, rampé, début du quatre-pattes), ce qui fatigue rapidement votre bébé.

Conduite à tenir :

  • Maintenir un rituel rassurant.
  • Accompagner verbalement la séparation.
  • Garder des horaires réguliers.

 

👧 9 mois à 2 ans

  • Crises au coucher plus fréquentes, réveils liés à la marche, à l’opposition naissante.
  • 20 à 40 % des enfants se réveillent la nuit à cet âge.

Conduite à tenir :

  • Conserver une cohérence dans les rituels et les réponses nocturnes.
  • Séparer clairement temps d’alimentation et sommeil.
  • Proposer un coucher éveillé mais somnolent pour favoriser l’autonomie d’endormissement.

 

🧒 Après 2 ans

  • Pleurs liés aux frustrations, à l’apprentissage du « non », aux émotions mal régulées.
  • Apparition des cauchemars, peur du noir, besoin de contrôle.

Conduite à tenir :

  • Proposer des choix simples au moment du rituel (pyjama A ou B).
  • Garder une posture empathique et structurante.
  • Éviter les injonctions ou les négations directes
  • Choisissez de dire « tu peux t’assoir là avec moi » à « ne cours pas partout » : cette invitation à vous rejoindre sera beaucoup plus efficace 😉

 

L’importance du rituel et du calme parental

Le rituel du coucher est un outil précieux pour sécuriser l’enfant et faciliter la transition vers le sommeil. Il doit être prévisible, répété et adapté à l’âge :

  • Rituel de sieste : court (5 à 10 minutes), même gestes chaque jour.
  • Rituel du soir : plus long (15 à 20 minutes), ambiance propice au calme (lumière douce, voix posée).
  • Réveils nocturnes : pas de sur-stimulation, contact minimal si possible.

⚠️ Le bébé ne pourra s’endormir que s’il se sent en sécurité. Cela implique que le parent lui-même soit détendu. Un parent stressé, pressé ou agacé transmet inconsciemment ce climat émotionnel à son enfant​.

Comment se détendre ? Respirez ! N’hésitez pas à inspirer 4 secondes, bloquer votre respiration 4 secondes puis expirez 4 secondes. Faites cet exercices 4 fois. Pour le tester dès que je me sens stressée, je peux vous dire que cela fait vraiment baisser la pression.

 

A retenir : Les pleurs du coucher seront d’autant moins nombreux si votre enfant est prêt à se séparer de vous pour la nuit. Et pour être prêt, ritualiser la soirée, être zen et contenant dans votre approche.

 

Oui, mais il pleure quand même !

L’endormissement est un apprentissage progressif. L’enfant apprend à s’apaiser, à se séparer temporairement de ses parents, à reconnaître les sensations de fatigue. Pour cela, il a besoin de cohérence, de répétition, et de repères.

Les pleurs de fatigue sont une expression saine et naturelle. Ce n’est ni une régression, ni une manipulation, mais un signal. Un signal que nous, adultes, pouvons écouter, observer et accompagner.

 

Conclusion

Les pleurs de fatigue sont une composante normale du développement de l’enfant. Ils nécessitent une écoute attentive, une posture bienveillante, et des outils concrets pour aider l’enfant à retrouver le calme intérieur nécessaire au sommeil.

En accompagnant les familles sur ce chemin, nous leur transmettons un message essentiel :
👉 Les pleurs ne sont pas un échec, mais un langage. Et tout langage peut être entendu, compris, et accompagné.

 

Sources :

« Il pleure que dit-il ? » d'Isabelle Filliozat et Priscilla Dunstan.

 Mon parcours pro et mes rencontres. 🙂

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.